Calle, lugar, barrio… Casablanca

Maarif est le quartier par excellence du shopping, celui que les femmes et les jeunes filles adorent arpenter les week-end pour faire leurs emplettes. On découvre la facette populaire de cet ancien quartier italien par la rue Normandie, d'où partent une succession de rues bordées de bijouteries, de boutiques de parfums, de vêtements et de lingerie féminine. Aussi celle des bouis-bouis de quartiers sympathiques et des bonnes affaires. Pour les enseignes de luxe et une mode à l'européenne, on se dirigera de l'autre côté, vers le boulevard Al Massira où se trouvent des franchises internationales comme Zara, Benetton au n°24, Miss Sixty, au n°7. C'est également sur cet axe que se dresse le Twin Center. Ces fameuses tours jumelles, bien pratiques pour s'orienter dans la ville, abritent au dernier étage un bar d'où l'on a des vues panoramiques fabuleuses sur Casablanca. A la hauteur de Zara, on peut aussi rejoindre la rue El Messaoudi qui abrite un magasin Levis et d'autres échoppes de prêt à porter. On se trouve alors tout près de la place du Nid d'Iris, idéale pour faire une pause café entre deux séances de shopping. Les week-ends, Maarif est le fief, vivant et sympathique, des femmes coquettes et décomplexées.

La place constitue le coeur administratif de la ville française, à l'époque du protectorat. Au centre de celle-ci trônait autrefois la statue équestre du maréchal Lyautey. Elle fut déboulonnée en 1956, le jour de l'indépendance, pour être placée devant le consulat français où elle se trouve toujours aujourd'hui. Ses bâtiments administratifs de style néo-mauresque combinent aux caractéristiques fonctionnelles de l'architecture européenne tous les éléments des arts traditionnels marocains : zellige, ferronnerie, marbre... Ils confèrent à cette place une belle unité architecturale et encadrent un square où les hommes se reposent et bavardent à toute heure de la journée, à l'ombre des ficus.

Dominant la Corniche, la colline d'Anfa a été dès les années 1920 repérée par les urbanistes de Casablanca pour en faire le lieu possible d'une résidence de luxe. A partir des années 1930, de riches industriels profitent de cette oasis de fraîcheur et de tranquilité pour faire construire des villas modernes, où l'esthétique marocaine et le confort californien se mélangent souvent. La colline est célèbre pour avoir accueilli au sein de l'hôtel Anfa qui aujourd'hui n'existe plus, la célèbre conférence d'Anfa, réunissant Churchill, Roosevelt et le général de Gaulle pour définir une stratégie commune entre alliés, peu de temps avant la fin de la guerre. Aujourd'hui, cette colline exclusivement résidentielle est le Beverly Hills de la Ville blanche. Les amateurs d'architecture seront intéressés de flâner dans ces allées de villas cernées de luxuriants jardins. L'une des plus célèbres est la " Villa Camembert ", située sur le boulevard du Lido. Les Casablancais l'ont ainsi surnommée en raison de sa forme cylindrique. Construite en 1963 par Wolfgang Ewerth, son vrai nom est en fait assez romanesque : " Villa du Dr. B ". L'aspect futuriste de l'édifice circulaire, dressé sur des pilotis, et la discrétion de son propriétaire évoqueraient presque un scénario à la James Bond...

Située à proximité de la place Mohammed-V, cette rue piétonne relie le boulevard Lalla-Yacout à la place du 16-Novembre. Il est sympathique d'y flâner loin du trafic des voitures entre les terrasses de café et les boutiques de chaussures et de vêtements. Une curiosité : l'artisan parfumeur ou " Grand Vapo ", parfumerie située à la toute fin de la rue, côté Lalla-Yacout. Pour 50 DH, on vous remplit un joli flacon du parfum de votre choix, à choisir dans une liste qui comporte tous les classiques de Chanel, Kenzo, Issaye Miyake, Dior... Le principe est simple : le parfum d'origine a été dilué dans de l'alcool ! Une échoppe très populaire dans le quartier !

A l'arrivée sur cette place, on ne manque pas d'être impressionné par la densité de son animation. De multiples échoppes déploient leurs pyramides colorées d'épices, leur succession de cages à poulets, empilées les unes sur les autres, leurs poissons brillant sur des étals. Les fruits et légumes s'exposent, les porteurs vont et viennent avec leurs grandes corbeilles sur les épaules et d'autres se fraient un passage sur leur petit Solex recouvert de cagettes. En fin de matinée, la déambulation dans ce marché en pleine effeverscence est un vrai plaisir. 

La maisonnette à toiture verte, située sur la place, abrite le tombeau de Sidi Bousmara. La légende raconte que cet homme, de passage dans la ville au X^e siècle, lors d'une période de sécheresse, aurait frappé le sol de son bâton pour en faire jaillir une source d'eau pure. Les habitants, témoins de cette action miraculeuse, lui auraient demandé de ne plus repartir. Le vieil homme s'installa sur cette place pour vivre en ermite et planta le ficus à l'ombre duquel le mausolée se trouve. Le visiteur attentif remarquera que plusieurs arbres du square sont plantés de clous. La coutume veut qu'en plantant un clou (bousmara en arabe), l'habitant récemment installé à Casablanca se place sous la protection du saint.

Plusieurs cafés traditionnels bordent cette place charmante de l'ancienne médina. Le café du port de pêche aligne ses tables sous l'auberge de jeunesse et donne face au square. Un autre petit café cache discrètement ses tables sous un auvent, à l'angle de la place. Notre option favorite pour son atmosphère tranquille et authentique, mais malheureusement exclusivement masculine.